- PARACLET
- PARACLETPARACLETTerme qui, par le relais de la Vulgate (paracletus ), s’est introduit tel quel dans les traductions modernes de la Bible. Le substantif grec, original, paraklêtos (du verbe parakalein , «appeler auprès de soi», «inviter», «consoler»), est particulier, dans le Nouveau Testament, aux écrits johanniques. Les premiers commentateurs latins du discours évangélique l’ont couramment rendu par advocatus (Tertullien, Cyprien, etc.). Or, dans les quelques passages de la littérature préchrétienne et non chrétienne où on le rencontre, un sens plus large est conféré à ce terme, celui de «médiateur», d’«intercesseur», d’«aide» (chez Philon d’Alexandrie, il signifie tantôt «intercesseur», tantôt «conseiller» ou «aide»).Dans la Ire épître de Jean, II, 1, Jésus est dit paraklêtos en tant qu’intercesseur céleste auprès du Père. Dans quatre passages de l’Évangile de Jean (tous situés dans le discours d’adieu [XIII-XVII]: XIV, 16, 26; XV, 26; XVI, 7), il s’agit d’un titre donné à quelqu’un d’autre que Jésus: ce n’est pas un intercesseur; il ne réside pas dans les cieux. La tradition chrétienne a identifié cette figure à celle de l’Esprit saint. Cependant, le caractère originaire de cette identification a été suspecté et l’on a parfois émis l’idée que le Paraclet était d’abord une figure salvifique indépendante, confondue seulement ensuite avec l’Esprit saint.Les caractéristiques et les fonctions du Paraclet sont les suivantes: il est envoyé par le Père (XIV, 16) ou bien il vient du Père (XV, 26); il n’est pas visible du «monde» mais seulement des croyants (XIV, 17); il enseigne la vérité ou conduit vers elle (XIV, 26; XVI, 13); il ne parle pas de lui-même (XVI, 13); il rend témoignage à Jésus contre le «monde» et met ce dernier en jugement (XV, 26; XVI, 8). Ainsi est-il partout décrit, à l’instar de Jésus lui-même, comme «révélateur». Il est donc une figure parallèle ou symétrique à celle même du Christ (en XIV, 16, tandis qu’il apparaît pour la première fois, on lit: «Et je [Jésus] prierai le Père et il vous enverra un autre Paraclet, pour être avec vous à jamais»).On a voulu voir l’origine du Paraclet dans le gnosticisme protomandéen: il serait l’adaptation de l’un des nombreux «révélateurs» célestes de la pensée mandéenne (R. Bultmann). Plus généralement et d’une façon bien plus satisfaisante, on a plaidé pour un arrière-fond biblique et juif; certains ont mis l’accent sur cette thèse à la suite des découvertes de Qumr n. Dans l’Ancien Testament, en effet, on rencontre des couples de héros, un successeur continuant l’œuvre d’un grand personnage dont on lui donne les traits et dont il interprète le message; par exemple, Moïse-Josué, Élie-Élisée. L’Esprit saint est impliqué dans cette succession (Deut., XXXIV, 9 pour Josué, et II Rois, II, 9, 15 pour Élisée): en tant qu’esprit prophétique (les prophètes proclament aux hommes les paroles divines; dans le chapitre II des Actes, à la Pentecôte, l’Esprit saint fait des Apôtres des prophètes), il devient un élément constitutif de la figure du Paraclet.Dans le judaïsme tardif, l’angélologie offre également un excellent parallèle au Paraclet johannique: dans la littérature apocalyptique, les anges ont des fonctions d’enseignement, ils guident les visionnaires vers la vérité (les anges y sont fréquemment appelés «esprits»). De plus, à Qumr n, l’«Esprit de vérité» conduit les membres de la communauté dans leur combat contre les forces du mal. C’est dans les textes de la mer Morte que l’on trouve les seuls exemples préchrétiens du titre «Esprit de vérité», que l’évangéliste Jean utilise comme synonyme de Paraclet (XVI, 13). Il faut mentionner aussi la Sagesse personnifiée, qui tient une place importante dans les écrits johanniques: elle vient de Dieu pour habiter dans les membres du peuple choisi (Ecclésiastique, XXIV, 12) et elle apporte à ces derniers le don de compréhension (XXIV, 26-27). En bref, on peut repérer dans l’ensemble de la pensée juive, plus ou moins diffus ou latents, tous les éléments fondamentaux de la figure johannique du Paraclet.L’introduction du Paraclet par l’évangéliste ou par son groupe répond probablement aux deux problèmes que posaient d’une part la confusion causée par la mort des témoins apostoliques, chaînes vivantes entre Jésus et l’Église, d’autre part l’angoisse née du retard de la seconde venue du Christ.• 1248; du gr. paraklêtos « avocat »♦ Relig. Le Paraclet : le Saint-Esprit.Paracletnom donné au Saint-Esprit dans l'évangile de Jean.⇒PARACLET, subst. masc.THÉOL. [Parfois avec une majuscule] Nom donné au Saint-Esprit, troisième personne de la Trinité, signifiant ,,aide, protecteur, intercesseur, consolateur`` (Bible 1912). Invoquer le Paraclet. Il entonna le veni sancte spiritus, éclatant appel au paraclet (BARRÈS, Colline insp., 1913, p.195). [Madame de Maintenon] pouvait appeler la protection du Paraclet (MONTESQUIOU, Mém., t.1, 1921, p.117). L'homme allégé, allègre, s'ouvre à la paix du paraclet (Philos., Relig., 1957, p.52-3):• ♦ Qu'importent à ce siècle incrédule de nos merveilleuses légendes: saint Georges rompant une lance contre Charles VII au tournoi de Luçon, le paraclet descendant à la vue de tous sur le concile de Trente assemblé...BERTRAND, Gaspard, 1841, p.159.— En partic.♦[P. réf. au baptême de Jésus, Matth. 3, 16] Le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe. Elle était enchâssée dans un reliquaire en forme de colombe, parce qu'on avait vu la colombe du Paraclet apporter l'huile destinée au sacrement du premier roi chrétien (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.517).♦[P. réf. à St Jean] La théorie du Paraclet, qu'on ne distinguait pas beaucoup du saint Esprit. Paraclet (...) devint pour les chrétiens une sorte de remplaçant de Jésus, procédant comme lui du Père, qui devait consoler les disciples de l'absence de leur maître, quand celui-ci aurait disparu (RENAN, Église chrét., 1879, pp.69-70). Paraclet (...) désigne tantôt le Christ, tantôt l'Esprit-Saint (DHEILLY 1964).— P. métaph. Je suis à l'abri ici (...) dans cette solitude faite à souhait pour mon âme qui veut se blanchir, se replier et oublier en Dieu. Vous avouerai-je, mon ami, que cette solitude est pour moi une sorte de paraclet où je me consume à regretter? (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1833, p.75).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1248 paraclit (doc., Somme ds GDF. Compl.: le glise du Paraclit); av. 1615 paraclet (É. PASQUIER, Recherches, VI, 17 ds HUG.). Empr. au lat. chrét. paracletus, paraclitus «défenseur, consolateur», appliqué au Saint-Esprit, gr.
adj. «qu'on appelle à son secours», d'où subst. «avocat, défenseur; intercesseur» et, dans la version gr. du N.T. «le Saint-Esprit» (de
«appeler auprès de soi»). Fréq. abs. littér.:35.
paraclet [paʀaklɛ] n. m.ÉTYM. 1248, paraclit; lat. ecclés. paracletus, du grec paraklêtos, proprt « qu'on appelle à son secours », traduit généralement, dans les traductions de la Bible, par « avocat » ou « consolateur ». Nom donné par saint Jean au Saint-Esprit.❖
Encyclopédie Universelle. 2012.